Des chiens pour prévenir les crises d’épilepsie, des chiens au chevet des victimes lors d’auditions ou de procès, des chiens pour assister des personnes en situation de handicap… : les récits autour de ces belles histoires où nos fidèles compagnons nous viennent en aide ont beaucoup de succès auprès du grand public. Ces histoires glorieuses inspirent des initiatives privées malheureusement parfois moins réussies…
Combien de chiens ont été adoptés pour aider un enfant avec troubles autistiques ? Pour tenir compagnie à une personne âgée qui déprime seule chez elle ? Pour aider au développement d’un enfant atteint d’une maladie génétique ? Et combien ont réellement eu l’effet escompté ?
Évidemment, faire intervenir un animal dans l’une de ces situations peut permettre d’ouvrir des portes qui restent fermées sans sa présence mais aucun chien ne devient spontanément chien de médiation ou d’assistance, une formation de plusieurs mois est nécessaire. Et malgré la formation, le nombre de chiens réformés avant de démarrer leur carrière est important. Ce n’est pas par leur seule caractéristique d’être nés chiens que ces êtres ont naturellement les compétences pour assumer la (lourde) mission qu’on a choisie pour eux. Ils ne sont pas des super héros, ils n’ont pas tous les pouvoirs.
La magie n’opère pas toujours…
Et lorsqu’un chien est adopté dans l’espoir qu’il améliore les conditions de vie d’une personne, c’est déjà une très forte pression qu’on fait peser sur lui. Et que se passe-t-il si la magie n’opère pas ? Il est malheureusement fréquent que des familles ayant fait ce choix se retrouvent avec d’un côté, toujours la personne fragile à gérer et d’un autre, un chien avec son lot d’obligations et de contraintes associées. Donc finalement, le chien qui n’a pas accompli la mission qu’on lui avait attribuée est vu d’un mauvais œil parce qu’il est finalement « inutile », le replacement ou l’abandon est même parfois envisagé. L’opération est non seulement contre-productive mais elle provoque aussi des dommages collatéraux.
Des fois, il y a des coups de chance mais mieux vaut éviter de croire aux miracles. Une démarche réfléchie et accompagnée par des professionnels des chiens d’assistance ou de médiation est plus sûre pour maximiser les bénéfices pour la personne fragile, et s’assurer que le chien ne subisse pas cette situation. Les chiens ont plein de vertus mais ils ne sont pas à eux seuls des médicaments.
Colette CUENOT
Colette Cuenot, éducateur comportementaliste canin et félin, nous livre ses réflexions sur le comportement canin dans le journal Les Dernières Nouvelles d’Alsace. Cet article est paru dans l’édition du 16 avril 2023.