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Le chat est-il vraiment territorial ?

Par Laurence

Les espèces solitaires comme les félins sont souvent qualifiées de territoriales. Mais d’un point de vue scientifique, le « territoire » du chat domestique, non défendu et non délimité par des marques visuelles, olfactives ou sonores est appelé « domaine vital ».

La taille des domaines vitaux est variable selon plusieurs paramètres comme le sexe, la répartition de nourriture, les rythmes d’activités ou encore la saison de reproduction. Les chats y trouvent toutes les ressources nécessaires à leurs besoins. En augmentant leurs explorations, ils élargissent la taille de leur domaine vital qui peut être partagé avec des congénères lorsque les ressources sont abondantes et largement réparties et même lorsqu’elles sont concentrées. Dans ce dernier cas, les chats se regroupent autour des ressources. Ils communiquent pour se rencontrer ou pour s’éviter, selon leur tolérance des congénères et selon la saison.

 

Importance de la communication

Les chats utilisent des moyens de communication visuels et olfactifs tels que les griffades, les frottements faciaux, l’urine et les fèces, qui permettent de signaler leur présence, informer sur leur état émotionnel, leur disponibilité sexuelle, baliser leur passage pour eux-mêmes. Les marques sont déposées au pourtour de son domaine vital mais aussi le long des chemins empruntés par le chat. Il a été très rarement observé que l’urine projetée sur un support vertical était répulsive. Rôle normalement attribué comme « marquage territorial ». Tout comme les autres marques déposées, la fonction est plutôt informative, pour prévenir de son passage et de sa présence : éviter le contact et un conflit potentiel ; et pour lui-même : se repérer dans l’espace lorsqu’il explore ou qu’il chasse et éviter de passer à nouveau dans une zone. Ils sont capables de discriminer les odeurs d’individus familiers ou étrangers et de femelle ou de mâle. Les mâles inspectent et flairent plus longuement les urines de femelles en chaleur.

Ainsi les chats laissent des indices pour eux-mêmes et pour les autres, les messages sont différents selon s’ils sont disposés à rencontrer des congénères ou à les éviter.

 

Les marquages… territoriaux ou pas !

Mais contrairement aux idées reçues, les lieux marqués ne se situeraient pas toujours le long de « frontières » territoriales mais plutôt en des points dispersés à l’intérieur même du domaine vital. Les chats ne défendraient donc pas leur territoire, mais patrouilleraient autour de ces points qu’ils marqueraient de nouveau à chaque fois que cela est nécessaire à l’intérieur de leurs domaines, aux limites souvent peu définies. C’est ce que l’on observe lorsqu’un chat vient explorer un nouvel objet ou un meuble intégré dans son environnement, il le flaire, se frotte, voire s’installe dessus. Ce comportement est expliqué comme de la familiarisation à son environnement et aux éléments qui le composent.

D’autres chercheurs ont montré qu’au sein des regroupements de chats errants, certains pouvaient défendre le cœur de leur domaine vital contre l’intrusion d’étrangers. Une attitude que l’on peut retrouver lors de l’introduction d’un nouveau chat au sein de notre foyer, tout simplement parce que la tolérance inter-individuelle est variable selon les chats.

 

La territorialité du chat est une notion qui vaut des débats passionnés au sein de la communauté scientifique.  À ce jour, aucune étude scientifique ne prouve que les chats défendent de manière très active leurs domaines de vie.

 

Chats de compagnie et chats errants

Les études sur le comportement des chats domestiques errants aident à mieux comprendre le comportement de nos chats de compagnie. Contrairement aux chats errants, nos petits compagnons ont de nombreux avantages, tels qu’un toit, de la nourriture à volonté, une protection sanitaire et pas de prédateurs. Mais cette vie « facile » a ses inconvénients comme la restriction à un espace confiné, la distribution d’un certain type d’alimentation, un accès contrôlé à l’intérieur de la maison et/ou à l’extérieur, ainsi que l’obligation de supporter des colocataires non choisis. Autant de causes parfois à l’émergence d’un mal-être chez le chat qui accepte mal ces conditions de vie.

 

Projections urinaire, griffades, frottements, sont des comportements naturels et régulièrement effectués par les chats. Ils sont généralement intensifiés en cas de cohabitation et/ou en cas de stress. Il existe des solutions chirurgicales pour éviter ou réduire, selon les cas, les projections urinaires. Mais les comportements de griffades et les frottements ne doivent pas être empêchés. Un bon aménagement de l’environnement est indispensable pour répondre aux besoins des chats qu’ils vivent seuls ou à plusieurs. En cas de cohabitation, multiplier les ressources disponibles aux chats et leur permettre de s’isoler s’ils en ressentent le besoin est indispensable pour permettre une cohabitation harmonieuse.

 

 

Par Brunilde Ract-Madoux, éthologue et consultante en comportement

 

 

A retenir

  • Ne pas confondre territoire et domaine vital
  • Les marques peuvent avoir d’autres signification que l’appropriation d’un territoire
  • Le chat « marque » pour lui comme pour les autres, c’est de la communication
  • Une bonne gestion de l’environnement aide à la bonne cohabitation entre plusieurs chats

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