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Etude scientifique sur les comportements des chiens

Par Laurence

Les études sur le comportement des chiens de compagnie: comment ça marche ?

Par le Dr Charlotte Duranton, Ethologiste

 

Qu’est-ce que c’est réellement qu’un éthologiste ? Que font ces scientifiques ? Comment sont réalisées les études qui mettent en jeu nos compagnons canins? Vous allez tout savoir pour mieux comprendre le quotidien d’un éthologiste spécialisé dans l’étude du comportement des chiens.

 

  1. La préparation de l’étude

Une étude nait toujours en premier lieu dans l’esprit d’un ou plusieurs chercheurs. Prenons donc ici le cas des chercheurs spécialisés dans l’étude du comportement des chiens. Une idée, une question émerge soit après avoir lu une étude sur le chien qui ouvre sur de nouvelles questions, soit après avoir vu un résultat chez une autre espèce et on aimerait savoir si ce comportement est aussi présent chez le chien, ou encore suite à des observations anecdotiques dans la vie quotidienne. Cette question principale peut concerner plusieurs domaines, par exemple « le chien comprend-il cela ? », « le chien peut-il apprendre ceci ? » ou encore « pourquoi le chien réagit-il de telle façon dans telle situation ? » et « quels sont les facteurs qui peuvent influencer tel comportement chez le chien ? ». La liste pourrait être longue car les sujets de questionnements sont infinis, et n’ont pour limite que celle de l’imagination des chercheurs !

Ensuite vient la seconde étape : préparer un protocole. C’est à dire le détail précis de l’étude. Ce que l’on va faire, combien de chiens vont être nécessaires, quel matériel va être utilisé, et comment l’installer, l’adapter aux chiens. Une fois que tout cela est déterminé, dans de nombreux pays il est demandé de rédiger une présentation de l’étude, en la justifiant, en détaillant le protocole, puis ce document est envoyé à un comité d’éthique, qui peut le désapprouver s’il trouve que l’étude ne respecte pas le bien-être des chiens.

Une fois l’étude validée, le protocole finalisé, l’étape suivante peut-être engrangée.

 

2. La participation à l’étude : halte aux idées reçues

Lorsque l’on travaille sur les chiens, une grande partie du travail va être de recruter les personnes acceptant de participer à l’étude. Et oui, car il n’y a pas de laboratoire d’éthologie avec des chiens en cages n’attendant que d’être utilisés pour nos études. Loin de là ! Les chiens et leurs maitres participent toujours volontairement à une étude, et repartent chez eux tout de suite après avoir réalisé leur tache. Le chercheurs diffuse des petites annonces sur les réseaux sociaux, dans les commerces de proximité, par le bouche à oreille… s’il recherche un type particulier de chien (race, sexe, ou rôle précis – par exemple chien d’aveugle), le chercheur peut aussi aller déposer des annonces de recrutement dans des clubs d’éducations, ou dans des écoles de formations par exemple. L’éthologiste est alors à la disposition des participants pour fixer un rendez-vous à l’heure qui les arrange le mieux.

C’est le jour J, vous venez participer à l’étude avec votre chien ! L’éthologiste vous accueille, la plupart du temps dans une salle dédiée au test. Dans ce cas, il y a toujours un moment d’habituation à la salle, pendant lequel le chien est laissé en liberté pour renifler toute la pièce. Pendant ce temps l’éthologiste vous explique en détail la procédure à suivre : pour certaines études, il n’est par exemple pas autorisé de parler à son chien, de le regarder ou de le toucher pour ne pas influencer son comportement, et dans d’autres au contraire cela va vous être demandé mais à un moment précis par exemple. Dans la majorité des cas, le maitre reste avec son chien dans la pièce, car on sait que cela aide à réduire le stress. Si un chien est trop stressé, il est évident qu’il n’est pas gardé pour l’étude, le bien-être de chaque chien passe avant tout. Certaines études font appel à des protocoles complexes qui nécessitent la venue régulière des chiens (pour faire un apprentissage précis par exemple, ou s’ils doivent être observé plusieurs fois dans la même situation). Pour d’autres études, le chercheur va venir directement au domicile du propriétaire, pour voir le chien dans son environnement naturel. L’important, c’est que pour une même étude, tous les chiens soient testés dans les mêmes conditions, pour que les résultats obtenus puissent être comparés et fiables.

En général, le test est filmé par plusieurs caméras, permettant de voir le comportement du chien sous différents angles, et celui du maitre quand cela entre aussi en compte.

 

3. L’analyse des résultats et la publication dans une revue scientifique

Une fois que tous les chiens ont été testés, les maitres et leurs compagnons rentrent chez eux, mais le travail du chercheur lui, est loin d’être fini ! Il reste encore plusieurs étapes. D’abord, il y a l’analyse des vidéos. Grace à un logiciel de codage, le chercheur va pouvoir décortiquer tous les comportements du chien pendant toute la durée du test,  de façon très précise ! Le comportement de votre chien, secondes par secondes (et parfois même au centième de seconde près) est ainsi répertorié. En plus, le codage est toujours fait par une seconde personne, qui ne connaît pas le but de l’étude, pour vérifier que le chercheur n’a pas biaisé ses analyses en espérant obtenir un résultat précis. Et cela prend énormément de temps ! Ensuite, vient la deuxième étape : les analyses statistiques. Toutes les données sont analysées, pour voir quels résultats apparaissent. Pour que ce soit plus concret, voici un exemple. Si le chercheur a observé le temps passé par un chien à essayer de résoudre un problème seul, les statistiques pourront aider à dire quels sont les facteurs qui influencent cela: la race, le sexe, l’âge, la nature de la tâche demandée , si le maitre l’a encouragé ou non etc etc…

Lorsque tout cela est fait, le chercheur peut passer à l’étape finale : la rédaction de son article scientifique. Qu’est-ce que c’est ? C’est un article rédigé en anglais, pour présenter et expliquer les résultats. Cet article va être soumis à une revue scientifique. Les revues scientifiques ont pour particularité que chaque article reçu est soumis à l’examen de spécialistes du domaine, qui vont tout vérifier : si le protocole n’a pas de biais, si les analyses réalisées sont justes, si les résultats et explications présentés sont cohérents. Le but est ainsi de s’assurer que chaque résultat a été trouvé avec la plus grande objectivité de la part du chercheur. En général, entre la parution dans une revue scientifique, et le début de l’étude, il faut 1 à 2 ans ! C’est un travail qui n’en a peut-être pas l’air, mais qui est de longue haleine !

Ensuite, les chercheurs vont présenter leurs études dans des colloques scientifiques, à travers le monde. Le but est de rencontrer d’autres chercheurs, pouvoir discuter, et trouver des idées pour de prochaines études !

 

Par Charlotte Duranton, Ethologiste, formatrice chez Vox Animae

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2 commentaires

  1. Mon schnauzer à 2 ans il n’aime pas du tout être toiletter je lui met sa muselière mais ne se laisse pas du tout faire il est pratiquement fou à chaque fois comment peux t on y remédier pour qu’il soit zen et pour nous que ce soit agréable merci à vous

    1. Bonjour,
      et merci pour votre message.
      Je vous conseille de tout reprendre à la base, c’est à dire d’associer les contacts tactiles à une émotion très positive chez votre chien.

      1ère étape : poser votre main sur lui et lui donner une récompense qu’il apprécie énormément s’il reste calme. A répéter au moins 5 fois. Ne pas passer à l’étape suivante tant que celle-ci n’est pas parfaitement réussie. Continuez autant qu’il le faudra jusqu’à ce que votre chien apprécie de voir arriver votre main vers lui. Récompensez beaucoup !
      2ème étape : vous rapprocher de la zone qu’il n’apprécie pas, en associant toujours le contact à une friandise. A refaire autant de fois que nécessaire jusqu’à ce que votre chien ne montre plus de signe de mal-être, de stress, d’inconfort.
      3ème étape : retravailler la muselière. Associer la vue de la muselière à une friandise. Répéter au moins 5 fois.
      4ème étape : lui mettre la muselière et lui donner une récompense à chaque fois. A répéter autant de fois que nécessaire jusqu’à ce que son émotion soit changée.
      5ème étape : lui laisser la muselière des temps de plus en plus longs : pour la promenade, les moments de jeux, n’importe quand, de manière aléatoire, en associant TOUJOURS à quelque chose de positif (une récompense). A répéter autant de fois que nécessaire. Ne pas passer aux étapes suivantes tant que celle-ci n’est pas réussie.
      6ème étape : allez au toilettage et demander à la personne qui s’occupe de lui de lui donner des récompenses SANS RIEN DEMANDER EN ECHANGE. Pas de caresse, pas d’ordre. Répéter autant de fois que nécessaire jusqu’à ce que votre chien ait changé d’émotion et soit content dès qu’il voit la personne. Etaler dans le temps, sur plusieurs séances.
      Mélanger les demandes : votre main qui s’approche associée à une récompense, promenade avec muselière, rencontre au toilettage, bref, multipliez toutes les expériences qui vont permettre de changer l’état émotionnel de votre chien.
      Et ainsi de suite.
      Faire monter le chien sur la table et récompenser beaucoup, sans rien demander en échange.
      Caresser le chien de manière très courte et récompenser systématiquement, ne rien demander en échange.
      Caresser un peu plus longtemps et récompenser beaucoup, tout le temps, systématiquement.
      Approcher la main de la zone qu’il n’apprécie pas et récompenser beaucoup.
      et ainsi de suite.
      L’idée est de changer l’émotion de votre chien car il semble avoir fait une association très négative qui l’amène à adopter des attitudes défensives.
      Cela peut prendre un peu de temps, mais le jeu en vaut la chandelle :).
      BON COURAGE !
      Si nécessaire, je vous suggère de faire appel à un comportementaliste aux méthodes modernes et positives afin de vous faire aider de manière plus personnalisée et à votre domicile.
      Laurence

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