Aujourd’hui, je vous propose la suite de la série sur les conditionnements, avec le conditionnement opérant.
Burrhus Frederic Skinner est l’un des psychologues les plus importants du XXe siècle. Sa contribution théorique majeure en psychologie est le concept de conditionnement opérant. Celui-ci repose sur l’idée que les comportements sont influencés par leurs conséquences.
Skinner a montré que si un comportement est suivi d’une conséquence positive, il est renforcé et a plus de chances d’être répété. À l’inverse, s’il est suivi d’une conséquence négative ou ignoré, il tend à disparaître.
Comment ça fonctionne ?
Pour tester ses hypothèses, Skinner a conçu un dispositif appelé la boîte de Skinner. Il y plaçait un animal – souvent un rat ou un pigeon – dans un environnement contrôlé (boite insonorisée, sans aucun stimulus extérieur). La boite comprend différents instruments (leviers, poussoirs, clapets, etc.) qui apportent des réponses, sous forme de courant électrique ou de grain de blé. L’animal va, au hasard, appuyer sur tel ou tel objet, ce qui va faire tomber de la nourriture (conséquence agréable) ou déclencher un choc électrique (conséquence désagréable). Le rat apprend à répéter l’action qui entraîne une conséquence agréable.
A travers ses expériences, il a défini quatre concepts clés :
- Le renforcement positif: tout ce qui augmente la probabilité qu’un comportement se reproduise en ajoutant quelque chose d’agréable dans l’environnement de l’animal. Par exemple, si vous appelez votre chien et que vous le récompensez en lui donnant une friandise lorsqu’il est revenu vers vous, la prochaine fois que vous l’appellerez, il reviendra vers vous avec une forte probabilité.
- Le renforcement négatif: tout ce qui augmente la probabilité qu’un comportement se reproduise en enlevant quelque chose de désagréable dans l’environnement. Par exemple, lorsque le chat s’éloigne de l’aspirateur qui lui fait peur, cela soulage une tension interne, il aura donc tendance à fuir à nouveau lorsqu’il verra l’aspirateur la prochaine fois.
- La punition positive: tout ce qui diminue la probabilité qu’un comportement se reproduise en ajoutant quelque chose de désagréable dans l’environnement de l’animal. Par exemple, si vous appelez votre chien et le grondez lorsqu’il arrive, la prochaine fois que vous l’appellerez, il n’y a qu’une faible probabilité pour qu’il revienne.
- La punition négative: tout ce qui diminue la probabilité qu’un comportement se reproduise en enlevant quelque chose d’agréable dans l’environnement. Par exemple, mon chat miaule, j’ignore son miaulement, donc je ne lui donne pas l’attention qu’il recherche. Mon chat aura ainsi tendance à ne pas miauler la prochaine fois qu’il cherche à me faire réagir.
L’éducation moderne utilise le renforcement positif
On parle d’apprentissage actif car l’animal fait ses propres expériences et apprend quels comportements lui sont bénéfiques et lesquels ne le sont pas. Il est important d’avoir également en tête que l’animal se conditionne tout seul au quotidien.
Le conditionnement opérant est aujourd’hui largement utilisé dans l’éducation et la rééducation comportementale des animaux. Les éducateurs et comportementalistes privilégient désormais les techniques fondées sur le renforcement positif, qui favorisent la coopération, la confiance et le bien-être de l’animal. Cette évolution est aussi portée par la loi. En France, l’arrêté du 19 juin 2025 interdit aux professionnels « l’utilisation et l’enseignement de méthodes et outils de nature à infliger aux animaux des blessures, des souffrances, de la douleur, du stress ou de la peur ». Ces avancées législatives officielles signalent une volonté sociétale et politique forte : promouvoir une éducation animale fondée sur la douceur, le respect et les preuves scientifiques, plutôt que sur la contrainte ou la douleur.
Dr Pauline SALVIN
Docteure en éthologie et formatrice
