Prédation, agression, est-ce la même chose ? Pour le décryptage de ce mois de septembre, nous allons nous intéresser à la différence entre la prédation et l’agression.
Quand on observe un mammifère carnivore – qu’il s’agisse d’un chien, d’un chat ou d’un furet – il est tentant d’assimiler toutes ses attaques à une forme d’agression, et c’est d’ailleurs une erreur qui est souvent commise. Pourtant, en éthologie, il existe des distinctions fondamentales entre la prédation et l’agression.
La prédation : un acte, à l’origine, alimentaire
La prédation est un enchainement d’actions appelées patrons moteurs, qui visent à capturer une proie pour pouvoir la consommer. Afin de la capturer, l’animal doit être le plus discret possible et fera tout pour ne pas se faire remarquer. Il restera silencieux et approchera en douceur. L’animal prédateur ne ressentira aucune émotion, il sera guidé par la faim ou par des motivations que l’on pourrait qualifiées d’instinctives car génétiquement prédéterminées. Il ne ressentira pas non plus de morale et choisira souvent les animaux blessés, les plus faibles, les plus jeunes, qui seront plus faciles à attraper.
Enfin, le but de la prédation, et c’est peut-être le point le plus important ici, est de réduire la distance entre le prédateur et la proie.
L’agression : un moyen de communication
L’agression est un ensemble de comportements qui visent à mettre à distance un individu ou un objet, ou faire cesser quelque chose. Elle est mise en place suite à une émotion forte, de peur par exemple. L’agression est produite suivant une séquence comportementale plutôt fixe, normalement constituée au départ d’une menace. Lors de celle-ci, l’animal va envoyer des signaux visant à éloigner le stimulus qui le dérange. La menace est faite pour être vue ! Ainsi, les comportements vont être généralement bruyants et intimidants : l’animal peut remonter les babines, montrer les dents, grogner, aboyer ou feuler, avoir une piloérection, etc. Si cela n’est pas efficace, il peut passer à l’étape suivante, la morsure, qui aura pour but de stopper l’interaction non désirée.
Ainsi, la finalité de l’agression et celle de la prédation sont totalement opposées. Parler d’agression liée à la prédation (ou par prédation) est donc totalement faux d’un point de vue éthologique.
Pourquoi cette distinction est importante ?
Confondre prédation et agression peut mener à des malentendus, notamment dans la relation avec les animaux domestiques et induire des jugements erronés sur l’animal et des interactions humain-animal conflictuelles. Quelques exemples : un chat qui chasse un oiseau n’est pas « cruel », il suit simplement son instinct de prédateur. Un furet ne mordra pas davantage s’il mange de la viande crue. Un chien qui court après les enfants n’est pas forcément le signe qu’il les prédate.
Distinguer la prédation et l’agression, c’est mieux comprendre les animaux qui nous entourent mais aussi la complexité et la richesse de leurs comportements. Si vous rencontrez des difficultés de compréhensions et de gestion de votre animal de compagnie, n’hésitez pas à vous rapprocher d’un.e comportementaliste formé.e et bienveillant.e.
Dr Pauline SALVIN
Docteure en éthologie et formatrice