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Comment les chiens apprennent

Par Laurence

Apprentissages volontaires et involontaires

Vous croyez que c’est seulement sur le terrain d’éducation canine que votre meilleur ami apprend quelque chose ? Détrompez-vous.

Grâce à notre présence et à nos attitudes quotidiennes nos chiens mémorisent ce que l’on attend d’eux et apprennent à reproduire le meilleur… comme le moins bon.

Adeck le chien de Jacqueline, a pris une habitude qu’elle voudrait lui faire disparaitre : il attaque l’aspirateur dès qu’elle le met en fonctionnement. Il se met dans tous ses états, se jette sur la machine tant qu’il l’a sous les yeux, essaie de croquer chaque partie accessible à ses dents.
Vodka quémande sans cesse à table, surtout auprès du beau-père lorsqu’il vient manger chez ses maîtres. Depuis le premier jour où Vodka l’a rencontré, elle sait que beau-papa garde toujours un morceau de nourriture dans son assiette pour elle.
Balou aboie comme un fou lorsque l’on toque à une porte d’une chambre ou sur la table du salon, même si c’est pour s’amuser.

Apprentissages passés

Ces trois chiens n’ont pas acquis ces actions tous seuls, ils ont été aidés dans ce sens par les réponses de leurs propriétaires. Sans même que l’on s’en soit rendu compte !

Cela arrive à tous les propriétaires à un moment ou à un autre de la cohabitation : au delà de toute volonté ils transmettent à leurs animaux des réactions en réponse à leurs propres comportements. Lorsqu’ils rient, s’émeuvent,  applaudissent ou récompensent certaines attitudes, ils montrent leurs acceptations et contentements, et par là même engendrent le fait que les comportements se reproduisent. Chacune de ces chiens a bien remarqué que les comportements de leurs gardiens avaient changé quand ils ont adopté ces attitudes. Ils ont donc appris ce qu’il convenait de faire pour obtenir l’attention de leurs êtres d’attachement.

Il faut cependant prendre garde à ce que l’on fait car si le chiot parait tout mignon lorsqu’il s’agite devant nous et nous fait craquer, la même attitude peut être bien moins désirée quand il est adulte. On peut même lui reprocher de se comporter comme s’il était petit ALORS QUE C’EST NOUS QUI LUI AVONS APPRIS ce même comportement.

Comment corriger plus tard

De la même manière qu’il y a des variantes pour cuisiner une choucroute, il est possible d’agir de différentes façons lorsque l’on souhaite modifier un comportement de son toutou.

Le fait de punir une attitude que l’on a soi-même générée ne fait évidemment pas partie des options choisies par les comportementalistes contemporains, par définition non violents.

Je propose plutôt de tenter l’une de ces stratégies qui, disons-le clairement, demandent chacune un peu de doigté mais surtout du temps, de la persévérance et de la patience.

Les réactions du chien aux nouvelles propositions nous renseigneront sur l’efficience de chacune des techniques. Certaines vont formidablement fonctionner avec certains chiens, quand il faudra changer la recette pour d’autres.

Il est donc recommandé de ne pas les utiliser ensemble, mais d’en choisir une et de s’y tenir sur plusieurs semaines. En cas de résultat insuffisant, la seconde sera expérimentée, et éventuellement la troisième. Passons à l’action.

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Désapprendre les attitudes non désirées

Les attitudes de Vodka, Adeck et Balou dérangent à présent leurs propriétaires, qui voudraient les voir changer.

Utiliser l’extinction

Pour Vodka qui mendie à table et obtient systématiquement de la nourriture, je suggère d’arrêter tout simplement de lui fournir ce renforcement. Les premiers jours, la chienne aura du mal à admettre cette nouvelle attitude, et risque d’insister, voire d’augmenter son exigence. L’inflexibilité et la persévérance des maîtres feront toute la différence : s’ils maintiennent leur « non réponse », Vodka arrêtera peu à peu de quémander puisqu’elle constatera que ses demandes ne sont plus satisfaites. Son comportement se sera « éteint ».
Si par contre ils cèdent de nouveau, ce petit pas en arrière ralentira la réussite de l’objectif rapide et nécessitera plus de temps pour obtenir ce qu’ils voulaient.

Les contre-propositions

Pour Adeck qui attaque l’aspirateur en fonctionnement, la diversion sera tentée. Après avoir sorti l’appareil de sa boite mais avant de le mettre en marche, un jouet qui passionne Adeck lui sera proposé.
Idéalement il convient de privilégier un objet qu’il ne connait pas encore et qu’il ne recevra qu’à cette occasion, qui lui demande du temps et l’intéresse beaucoup. Une grande variété de jeux stimulent l’intelligence et la gourmandise des chiens, que l’on peut fabriquer soi-même ou acheter prêts à l’emploi sur l’Internet.
Occupé par sa nouvelle distraction plutôt que par le moteur qui tourne, Adeck arrêtera parce qu’il aura trouvé mieux à faire.
On veillera aussi à ne plus exciter le chien dans ces moments, sinon il risque de recommencer lui aussi à s’agiter.

L’habituation

Pour Balou qui aboie comme un fou lorsque l’on toque à une porte d’une chambre ou sur la table du salon, il s’agira de faire raisonner des sons semblables, plusieurs fois dans la journée, jusqu’à ce qu’il ne réagisse plus. On commencera par un son au volume minimal, comme un verre que l’on pose doucement sur un support. Aucune réaction ne sera faite de la part des propriétaires dans ces moments-là : pas de regard vers la porte ou l’animal, pas de sourire, pas de parole, pas un seul changement dans l’environnement.
Plusieurs répétitions seront faites tous les jours, afin que Balou ne fasse plus aucune association avec ce son et qu’il ne manifeste plus rien lorsqu’il entend quelque chose de similaire.
Si l’on veut gagner du temps, on peut féliciter modérément Balou à chaque fois qu’il reste calme, sinon conserver sa propre retenue suffira amplement. S’apercevant qu’il ne se passe rien autour de lui quand ces bruits se produisent, il cessera lui aussi de vocaliser au fur et à mesure des situations qui se reproduisent sans effet.

Patience et persévérance

Bien qu’elles demandent du temps et du doigté, ces façons de faire sont très efficaces sur le long terme.
Elles sont indolores pour l’animal et respectueuses de ses émotions et de son tempérament.
Il est envisageable de les utiliser avec les chiots, les vieux chiens, les adultes, les croisés et les pur-race.
On verra à toujours adapter son choix de technique à chaque profil puisque les progressions de tous les individus sont uniques.
L’inconvénient majeur, qui est aussi un avantage certain, est que c’est l’Humain qui travaille le plus, en conscientisant ses actions et veillant à gérer ses propres comportements.

Pour apprendre à comprendre les chiens, depuis chez vous ou dans l’une de nos salles à Bordeaux, Paris, Lyon ou Strasbourg, suivez nos cours.

Laurence Bruder Sergent

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